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L’homme du bruit qui court

Au café Le bruit qui court, quai Bonaparte à Menton, il y avait un homme qui dinait tranquillement. Il était assis au fond de la terrasse, un peu à l’écart, comme pour ne pas être dérangé durant la cérémonie de son repas. Il portait un borsalino sur une tête en lame de Laguiole, dont les angles étaient adoucis par le courbe sensible du nez et l’élégance des pommettes. Comme il faisait près de 25 degrés à l’ombre, ce dineur semblait à première vue trop habillé, avec sa veste noire, sa cravate bourgogne et sa chemise blanche à manches longues. Mais son maintien et la sobriété de ses gestes étudiée donnaient plutôt l’impression que l’homme attachait une grande importance à ce qu’il faisait. À savoir : diner, sur une nappe blanche immaculée, ornée de couverts tout aussi blanc. Diane et moi nous assîmes pas trop loin, de manière à pouvoir observer le personnage.

Nous étions seuls, lui et nous, sur cette terrasse désertée en début d’après-midi. Comme nous le faisons souvent par jeu, nous avons cherché à deviner le métier de notre voisin de table. S’agissait-il du patron? D’un notable de Menton? Non, certainement pas. La déférence avec laquelle le serveur lui apporta son plat en disait long. Et puis, c’était un étranger comme nous, certainement. Personne à Menton n’avait cette allure de sicilien sortit du XIXe siècle, à l’heure de la sieste. Nous nous sommes concentrés un moment sur le menu, plutôt sympathique, et justement, d’inspiration italienne. Le serveur apportait le plat du mystérieux client, occupé à tremper doucement du pain dans une soucoupe garnie d’huile d’olive, de sel, de poivre et d’un filet de vinaigre balsamique.
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C’est alors que je le vis sortir quelque chose de sous sa veste. Ses mains noueuses et longue se rejoignirent pour déployer la lame, et je vis alors le plus extraordinaire couteau qui soit, l’ustensile par excellence pour dîner de ce qui me sembla être d’authentiques polpette, ces merveilleuses boulettes de boeuf, de veau et de porc baignant dans leur sauce au citron et au vin blanc. Mieux encore, le couteau de notre sicilien, comme j’en avais maintenant la certitude, était un birittedda de Canicati, au manche de corne de bouc noir, se terminant par une tête de chien sculptée dans le bronze, à la lame en forme de spatule, effilée sur un seul côté. Qui était donc cet homme à la peau bisque, plissée comme un fusain qu’aurait griffonné Lautrec sur une nappe de papier? (la suite de cette histoire paraîtra dans notre prochain livre, en cours de rédaction. Si vous souhaitez être informé de sa parution, envoyer nous un petit courriel).

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