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L’Express pour Dakar

Nadine est très belle. Mieux, elle est aimable. Nous ne nous connaissons pas, même si nous sommes tous les deux très à l’aise ensemble, à L’Express, rue St-Denis, elle en tablier blanc, moi en client affamé. Sous la verrière, elle m’apporte un petit déjeuner comme j’en prends ici depuis des décennies, non parce que c’est un resto chic, chouette et à la mode depuis toujours, mais parce que c’est bon, toujours, soigné, attentif. Ceci d’ailleurs me rappelle ce que Diane me disait en voiture ce matin (2 heures de bite à cul sur la 15, du vrai délire) à propos d’Alain Ducasse (qui a maintenant trente restos haut de gamme de par le monde) et qui, toujours inspirant, a cinq incontournables, dont le premier est l’hospitalité. À L’Express, on applique ça depuis le début. photoMais là, avec la resplendissante Nadine, mon matin assombri par la connerie automobile (les bouchons, les chauffards, les périlleux Ti-Casse qui prennent la route pour un jeu vidéo) mon matin grognon, soudainement, se transforme en voyage au pays des soleils géants et des feux de brousse. Parce que la beauté a ce pouvoir : me faire rêver, me surprendre pour un autre, ailleurs, presque superman sur un biscuit volant, un rêve nourri par la nature et la couleur de sa source. En l’espèce, le profil ondulant et si ambré de Nadine suggère de longues promenades entre les hautes herbes au levant, entre la rivière Talek et les neiges du Kilimandjaro, pour aller casser la graine dans la savane, à l’ombre des arbres à saucisses, boababs et sombres figuiers bourrés de singes hurleurs et de perroquets multicolores. Dans la poêle rissolent quelques œufs et du jambon de zébu. Au bout d’une branche, nous faisons griller du mauvais pain (il serait temps que l’Express découvre Jo la Croûte!) et nous parlons, longuement, de ce que le monde est en train de venir, moi sur le point de le quitter, elle qui commence tout juste à le fréquenter, l’œil encore brillant d’étonnement. Je dis qu’un bon restaurant où l’hospitalité est pratiquée avec grâce et amabilité est au-dessus des autres qui ne pratiquent que le service-service et l’esbroufe culinaire. Je dis que j’aime encore plus L’Express depuis que Nadine, si aimablement, m’y fait rêver, du Sénégal, de la Tanzanie et de la gentillesse en tablier blanc.

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